De sérieux efforts ont été entrepris pour convaincre les membres d'église de quitter l'Église des Adventistes du Septième Jour, ou du moins retirer leur soutien et leur adhésion comme membres. L'argument est que Philadelphie, et non Laodicée, représente la véritable Église qui se préparera pour la venue de Christ. Joseph Bates est cité comme une autorité vénérable en faveur de cette idée. Mais ce cher pionnier s'est trompé sur ce point, ainsi que sur certains autres domaines. Ellen White n'a jamais approuvé cette idée. Ses premiers témoignages concernant le message à Laodicée contredisent totalement cette thèse (voir Testimonies, vol. 1, p. 185-195; vol. 3, p. 252-255).


L'idée que Philadelphie, et non Laodicée, soit l'église de la translation s'oppose au plan général du tableau prophétique de l'Apocalypse. Le chiffre sept indique que les sept églises symbolisent la véritable Église durant les périodes successives de l'histoire, depuis le temps des apôtres jusqu'à la fin du temps de grâce (Conquérants Pacifiques, p. 521). Le message à Laodicée est "l'avertissement pour la dernière église", et non pour l'avant-dernière (Testimonies, vol. 6, p. 77). Ce message ne s'applique pas à des apostats, mais au véritable peuple de Dieu pendant les derniers jours (Bible Commentary, vol. 7, p. 959; Testimonies, vol. 3, p. 252, 253).


L'intention du Seigneur a toujours été que le message à Laodicée aboutisse à la repentance et à la victoire de la part de Son véritable peuple et qu'il le prépare à recevoir la pluie de l'arrière-saison (Testimonies, vol. 1, p. 186, 187). Il n'y a pas d'allusion dans la Bible, ni dans l'Esprit de Prophétie, qui insinuerait que ce message se solderait par un échec; le vrai peuple de Dieu prendra garde au "conseil du Témoin véritable; il recevra la pluie de l'arrière-saison, et ainsi, il sera qualifié pour la translation" (Idem, p. 187, 188). Nulle part, Ellen White ne dit que le vrai peuple de Dieu doit quitter Laodicée et retourner à Philadelphie.


Il est vrai, bien sûr, que des applications spirituelles, appropriées au peuple de Dieu de toutes les générations, peuvent être tirées de chacun des messages aux sept églises. La nature humaine est la même dans le monde entier et dans toutes les générations, de telle sorte que les principes spirituels s'appliquent à toutes. Mais les messages aux sept églises révèlent une progression de triomphe victorieux qui permettra à la dernière génération d'atteindre enfin la maturité de la foi et du discernement. "La moisson de la terre" sera finalement "mûre" (Apocalypse 14:12-15). L'acceptation du fond du cœur des vérités contenues dans tous les appels adressés aux "anges des sept églises" sera nécessaire pour cette maturation finale du "blé mûr dans l'épi … quand le fruit est à son terme" (Marc 4:28, 29). Mais si l'Église des derniers jours retournait à Philadelphie, ce serait retarder la pendule céleste, revenir une génération antérieure et violer le symbolisme prophétique. Les messages aux six autres églises ont préparé des multitudes de croyants à la mort; la repentance de Laodicée préparera un peuple à la translation.


Le message à Laodicée met en parallèle le temps de la purification du sanctuaire et l'œuvre de Christ dans le Lieu Très-Saint. Le début évident du symbolisme de l'Apocalypse est d'établir un rapport entre Laodicée et le moment où le "septième ange" fait résonner sa trompette durant le "temps des morts pour qu'ils soient jugés" quand "le temple de Dieu fut ouvert dans le Ciel" et que le Lieu Très-Saint du sanctuaire apparut (Apocalypse 11:15-19).


Il est clair que le message à Philadelphie précède le Jour antitypique des Expiations, tout comme l'œuvre de "l'ange puissant" (correspondant à Philadelphie) précède le message final des trois anges d'Apocalypse 14. Changer l'ordre des sept églises est aussi déconcertant que changer l'ordre des sept sceaux ou des sept trompettes. Dieu savait ce qu'Il allait faire lorsqu'Il donna les visions à Jean sur l'île de Patmos; et nous ne pouvons pas toucher à l'ordre inspiré de ces messages.


Les citations du message à Philadelphie, qu'Ellen White appliqua au peuple des derniers jours, n'exigent pas que Laodicée soit éliminée de la succession prophétique, pas plus que ses fréquentes citations de chacun des sept messages n'exigent que nous "rejoignions" Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire ou Sardes.


Le problème avec Laodicée, ce n'est pas son identité ou son nom. Laodicée n'est pas un nom péjoratif; il signifie simplement "jugement, défense ou justification du peuple". C'est un nom approprié aux réalités du jugement investigatif qui précède le second avènement. Il a une connotation de victoire et non de défaite.


Le nom de Philadelphie est également significatif. Il est composé de philéo (affection) et adelphos (frère). Le mot philéo indique un niveau d'amour moins élevé que celui d'Agapé. Mais "professant la vérité dans l'Agapé" et "croissant à tous égard en Celui qui est le Chef, Christ", telle est l'expérience qui caractérisera le peuple de Dieu quand il acquerra la maturité pour se préparer en vue du retour de Christ. "Le corps entier" de l'Église, la communauté entière du peuple de Dieu de tous les temps, tirera enfin "son accroissement et s'édifiera lui-même dans l'amour Agapé" (Comparez Éphésiens 3:14-19; 4:13-16; Premiers écrits, p. 55, 56; Paraboles de Jésus, p. 364).


Comme nous l'avons noté, l'expression "Je te vomirai hors de Ma bouche" n'est pas une traduction exacte. Christ ne dit pas que Laodicée doit subir Son rejet final sans aucun espoir. Les mots grecs mello se emesai, signifient littéralement; "tu Me rends malade de nausées" ou "Je suis si écœuré que Je suis sur le point de vomir". Mais le verbe mello n'implique pas une concrétisation finale. La nausée de Christ peut se guérir; il est possible pour Laodicée de se repentir et ainsi de surmonter sa terrible tiédeur.


Lisez d'une seule traite les lettres aux anges des sept églises. Il vous semblera évident qu'elles indiquent la direction d'un but historique qui est le retour de Christ. Thyatire se dirige en avant vers le jugement précédent le retour. A Philadelphie, il est dit: "Je viens bientôt". Mais Laodicée reçoit "à la porte" Christ qui lui offre l'honneur ultime de partager Son autorité royale.


Une autre preuve véritable que Laodicée est la dernière église est le fait que Christ se présente Lui-même comme "l'Amen"; or c'est un mot qui, dans tout le Nouveau Testament, exprime un état final ou définitif.


Le message de Christ à Laodicée est étroitement lié au Cantique des Cantiques (Chapitre 5:2) qu'Il cite dans Apocalypse 3:20 (Version des Septantes). Cette vérité, souvent négligée, établit que l'appel de Christ à Laodicée est celui de l'Époux à Sa bien-aimée. La réponse définitive de celle-ci n'est pas le rejet de l'amour de l'Époux, mais la repentance et la préparation pour les "noces de l'Agneau" (Apocalypse 19:6-9). Ainsi, la promesse d'Apocalypse 3:21, à "ce quelqu'un" (en grec, le mot tis), est l'offre d'une intimité d'alliance avec Christ qui n'est égalée par aucune des offres faites aux "anges" des six églises précédentes. "L'ange" de la dernière église est clairement celui dont la repentance est unique, et dont le triomphe présuppose enfin une victoire unique et un honneur unique –celui de partager l'autorité exécutive avec Christ Lui-même. L'Épouse a une plus grande destinée que ceux qui sont simplement des "invités" au mariage. Il est difficile de ne pas voir la relation qui existe entre le passage d'Apocalypse 3:21 et la victoire glorieuse des 144 000 (Apocalypse 7:1-4; 14:1-5; 15:2-4).


Ainsi, il devient clair qu'effacer Laodicée du tableau prophétique et considérer que l'appel du Témoin Véritable se solde par un échec, c'est voler à Christ l'honneur et la justification qu'Il mérite si largement; c'est également vouloir empêcher l'accomplissement des prophéties contenues dans l'Apocalypse.


Supprimer Laodicée et lui substituer Philadelphie exige la défaite du Témoin Véritable et l'humiliation finale de l'Époux patient qui est toujours en train de frapper à la porte.