Notre mécanisme complexe gêne-t-il l'œuvre du Saint-Esprit? En grandissant, devons-nous obligatoirement dériver loin de Christ? Il y a certainement une réponse à cette question.


Comment une église nombreuse, avec une organisation compliquée, peut-elle se repentir? Le corps doit-il spirituellement se disjoindre et perdre toute coordination, comme un tétraplégique dont les spasmes et les secousses sont incontrôlables par la tête?


La qualité essentielle de la repentance demeure la même en tous temps et en toutes circonstances. Ce sont des personnes, et non des machines ou des organismes qui se repentent. Mais la repentance demandée à Laodicée est unique en ce qui concerne les circonstances, la profondeur et l'étendue. L'Église n'est pas une machine, et son organisation n'est pas une force impersonnelle. L'Église est un "corps", et son organisation est son moyen vital de fonctionnement. Les individus constituant ce corps peuvent se repentir en tant que corps, car chaque membre ne fait qu'un avec n'importe lequel des autres membres.


Comme nous l'avons vu, metanoia (le mot grec pour repentance) signifie littéralement "percevoir par une réflexion après coup". Elle ne peut pas être complète avant la fin du temps de grâce, donc avant que l'on discerne la culpabilité historique. Tant qu'il y aura un lendemain qui pourra apporter une réflexion supplémentaire sur la signification de notre mentalité d'aujourd'hui, ou tant que les péchés d'un autre pourront encore nous révéler un degré plus profond de notre propre culpabilité, notre repentance demeurera incomplète.


Mais elle grandira, car "à chaque pas en avant dans notre expérience chrétienne, notre repentance s'approfondira" (Paraboles de Jésus, p. 134). Le Souverain Sacrificateur qui est en train de purifier le sanctuaire céleste n'a pas renoncé à Son œuvre. Son peuple peut ne pas réussir à apprendre sa leçon, mais Il le ramènera sur le même terrain pour l'éprouver, toujours à nouveau, jusqu'à ce qu'il soit victorieux. A l'heure actuelle, le test final peut être en cours (voir Testimonies, vol. 4, p. 214; vol. 5, p. 623).


Un avenir brillant pour l'œuvre de Dieu


Une merveilleuse expérience, unique dans l'histoire, figure au programme des prochains évènements; nous avons souvent négligé cette réconfortante prophétie de Zacharie, le prophète fondé sur Christ, et qui annonce la pluie de l'arrière-saison. Il prédit que l'Église des derniers jours et ses dirigeants répondront de tout leur cœur au sacrifice du Calvaire, et que ceci transformera complètement l'Église. Parlant des évènements de la fin, le Seigneur –par l'intermédiaire de Zacharie- dit:


"Alors Je répandrai, sur la maison de David es sur les habitants de Jérusalem, un esprit de grâce et de supplication; et ils tourneront les regards vers Moi, Celui qu'ils ont percé. Ils porteront Son deuil comme on porte le deuil d'un fils unique. … En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et les habitants de Jérusalem, à cause du péché et de l'impureté" (Zacharie 12:10-13).


Qui est "la maison de David"? C'était jadis le gouvernement du peuple de Dieu. Zacharie se réfère aux dirigeants de l'Église des derniers jours, ou (autrement dit) à "l'ange de l'Église", ou au "roi et ses nobles" si l'on emprunte la terminologie de Jonas. Ce sont les "hommes de Juda" que Daniel distingue des "habitants de Jérusalem" (Daniel 9:7). "La maison de David" inclut tous les niveaux de dirigeants de l'Église organisée.


Qui sont "les habitants de Jérusalem"? Jérusalem est une "cité" des descendants d'Abraham, le corps organisé du peuple de Dieu. Au temps de Zacharie, Jérusalem était la capitale d'un groupe distinct de personnes appelées à représenter le vrai Dieu devant toutes les nations; elle était le corps communautaire des adorateurs de Dieu.


"L'Esprit de grâce et de supplication" ne doit pas être répandu sur des descendants dispersés d'Abraham, mais sur les habitants de la "cité", le corps visible du peuple de Dieu –en tant que dénomination- sur terre. (Il est sous-entendu qu'aucun descendant d'Abraham, qui aurait choisi d'habiter en dehors de Jérusalem, ne pouvait avoir part à cette bénédiction. Après la captivité à Babylone, ces Juifs –qui choisirent de rester dans les nations où ils furent dispersés, refusant de revenir dans la Palestine ancestrale- furent, en fait, perdus pour l'histoire).


Semble-t-il impossible qu'un esprit de contrition soit déversé sur des dirigeants et sur une Église mondiale congestionnée par la complexité de son organisation? Plus l'Église est engagée dans ses multiples entités, plus grand est le danger qu'elle étouffe collectivement et massivement les incitations simples et directes du Saint-Esprit. Tout individu qui reçoit une vision est tenté de penser que ses mains sont liées –que peut-il faire? Le grand monolithe de l'organisation, infiltré par le formalisme et la tiédeur, semble avancer seulement à la vitesse de l'escargot. Sans cet "Esprit de grâce et de supplication", plus nous approchons de la fin des temps et plus l'Église grandit, plus ses activités sont complexes et congestionnées, plus la perspective de vivre cette expérience de la repentance apparaît comme lointaine.


Mais ne quittons pas des yeux ce que dit la Bible. Nous avons besoin de nous rappeler que, longtemps avant que nous élaborions nos systèmes compliqués d'organisation de l'Église, le Seigneur avait créé des systèmes d'organisation infiniment plus complexes, et pourtant "l'Esprit était dans les roues" (Ézéchiel 1:20). Notre problème, ce n'est pas la complexité de l'organisation, mais l'amour collectif du moi. Et le message de la Croix peut résoudre ce problème!


Pourquoi le monde a-t-il besoin du peuple de Dieu?


Le monde a besoin d'une "Jérusalem" qui soit "témoin pour toutes les nations". Sans elle, la tâche ne peut pas s'accomplir. L'histoire de l'échec de l'ancienne Jérusalem démontre que sans "l'Esprit de grâce et de supplication", l'organisation de la dénomination devient inévitablement rigide et peu représentative de sa mission divine. Zacharie dit qu'une vision correcte du Calvaire communique la contrition ("Ils tourneront leurs regards vers Moi, Celui qu'ils ont percé"). [Le "Ils" ne se rapporte pas aux Juifs et aux Romains d'un millénaire passé, mais à nous]. Ainsi, la vision de la Croix procurera la solution ultime au problème "du péché et de l'impureté" de l'homme.


Qu'est-ce que "l'impureté"? C'est cette couche profonde de motivation égoïste inconsciente qui est à la base de tout péché, qui doit être purifiée au Jour des Expiations –ce qui n'a jamais été pleinement accompli auparavant. La motivation de la peur de l'enfer avec, comme contrepartie, l'espoir d'une récompense éternelle, céderont la place à une nouvelle motivation: celle de la contrainte pure de l'amour de Christ. L'amour collectif du moi sera "crucifié avec Christ".


Comment opère cet "Esprit de grâce et de supplication"? Deux éléments distincts constituent cette remarquable expérience.


(a) "L'Esprit de grâce", le fait d'apprécier la Croix à sa juste valeur, une vision du caractère d'amour de Dieu qui détruit et annihile complètement la suffisance et l'orgueil humains;


(b) "L'Esprit de supplication" qui représente la prière provenant de cœurs attendris et contrits.


La différence –entre cette "supplication" et les prières formalistes ordinaires- est énorme et essentielle. Les gens détecteront immédiatement l'authenticité de telles prières (de supplications) car elles viendront de cœurs humiliés par la repentance communautaire. Quand la prière sortira d'un tel cœur, alors comme dit David: "nous enseignerons Tes voies aux transgresseurs, et ils se convertiront en Toi" (Psaume 51:13). Nous réussirons enfin à "gagner des âmes" pour Christ.


L'Esprit répandu dans toutes les assemblées d'église se fera reconnaître. En rapport étroit avec la prophétie du chapitre 10 du livre de Zacharie, nous trouvons une autre prophétie qui révèle quels seront les résultats d'une telle repentance de la dénomination:


"Des gens du monde entier viendront en pèlerinage et afflueront à Jérusalem, en provenance de nombreuses cités étrangères, pour assister à ces célébrations. Les gens écriront à leurs amis habitant d'autres villes (dénominations) et diront: 'Allons à Jérusalem pour demander au Seigneur de nous bénir et d'être miséricordieux à notre égard. J'y vais! S'il vous plait, venez avec moi. Allons-y maintenant!" (Voir Zacharie 8:20-22 et Living Prophecies, paraphrasé par Kenneth N. Taylor).


La Croix et la repentance de toute l'Église


Que peut faire chacun d'entre nous pour hâter ce jour? Devons-nous descendre dans notre tombe et laisser faire cela par quelque génération future?


Si nous refusons la repentance que Christ nous demande, la réponse sera OUI. Si nous ne renonçons pas à notre orgueil et à notre dignité "chroniques", la réponse sera OUI. Si nous tolérons que certains types de réactions négatives de la part des dirigeants continuent comme dans le passé, la réponse sera OUI. La réponse ne sera NON que lorsque l'amour du moi (du point de vue personnel ou collectif) sera crucifié avec Christ. Ce n'est qu'à ce moment-là que chacun aura le courage de porter témoignage à la vérité en manifestant une opposition sanctifiée face à des groupes de pensées non sanctifiés.


La réponse à la question "comment?" se trouve dans le message de la Croix. "Ils tourneront leurs regards vers Moi, Celui qu'ils ont percé", dit le Seigneur. Ici, l'accent est mis sur la pleine reconnaissance de la culpabilité collective; et "l'Esprit" accordé doit obligatoirement être précédé d'une repentance totale et sincère du corps. Tout péché humain a pour centre le meurtre du Fils de Dieu. Tant que nous ne comprenons pas cela, "l'Esprit de grâce et de supplication" ne peut pas être accueilli et reçu par des cœurs orgueilleux. Nous demeurons alors puérils, tragiquement satisfaits de nous pavaner sur la scène de l'univers, ignorant notre véritable état. La connaissance de toute la vérité produit la tristesse d'avoir péché, non une peur égoïste de la punition, mais une sympathie pour les souffrances de Christ et un désir sincère de Le voir justifié.


Ce déplacement du centre d'intérêt –du moi à Christ- se manifestera dans toute l'Église de manière profonde. Ceci ne s'est jamais pleinement réalisé depuis les temps apostoliques. "Ils porteront Son deuil, comme on porte le deuil d'un fils unique. Ils pleureront amèrement sur Lui aussi amèrement que sur un premier-né" (Zacharie 12:10). Heureusement, nous n'avons pas, pour la plupart, connu ce genre de douleur; et cependant nous pouvons nous en faire une petite idée. Nous chanterons: "Des profondeurs de l'abîme, je T'ai invoqué, ô Éternel!" (Psaume 130:1). Déplacer le centre de nos préoccupations –de l'anxiété concernant notre propre salut à un tel intérêt pour Christ- seul le Saint-Esprit peut accomplir ce prodige. Notre préoccupation naturelle pour notre sécurité personnelle a souvent imprégné notre expérience spirituelle, nos chants, nos prières et nos sermons. S'il n'y avait pas la puissance du Saint-Esprit pour réaliser le miracle de ce changement, nous pourrions penser qu'il faudrait des décennies, peut-être même des siècles pour effectuer une telle transformation dans la nature humaine. Mais une "œuvre rapide" est possible, et elle a été promise (Romains 9:28). Si le communisme en Europe de l'Est a pu s'effondrer si soudainement, certainement l'incrédulité de Laodicée peut disparaître en un instant.


La dernière Église est composée d'individus comme tous les autres au cours de l'histoire, nés avec un "esprit charnel", avec le cœur naturel non régénéré du pécheur. Mais la révélation de la vérité opérera en eux une transformation de l'esprit. Plus ils recevront l'Esprit de Christ avec plénitude, et plus leur sentiment de contrition s'approfondira. La "perception après coup" de l'esprit "illuminé" considère le péché sans illusion. Laodicée a enfin les yeux ouverts.


Ce sont de bonnes nouvelles, et non des mauvaises


La repentance, c'est tout le contraire du désespoir ou de la morosité. Quand nous pouvons voir notre état de péché grâce à la repentance (cette "perception éclairée après coup"), nous pouvons véritablement apprécier les "bonnes nouvelles" qu'elle contient. Ceux qui craignent la repentance, de peur qu'elle entraîne la morosité ou la tristesse, ne comprennent pas l'Esprit de Christ et ferment leur cœur à la puissance guérissante du Saint-Esprit. Le rire du monde est superficiel et se change vite en désespoir dans l'épreuve. Christ a été "un homme de douleur, habitué à la souffrance"; et la joie qu'Il donne n'est pas "comme celle que le monde donne" (voir Jean 14:27 et Ésaïe 53:3). Quand l'Église du reste accomplira son ministère au milieu de la tragique désintégration de la vie humaine qui caractérisera les derniers jours, cette joie profonde et infaillible du Seigneur proviendra d'une contrition réaliste. Une réelle intimité avec "l'Homme de douleur" permettra au peuple de Dieu d'aider les sans logis et les affamés, ceux qui meurent à cause du sida et ceux qui pleurent leur foyer brisé.


La repentance pour l'individu est une "pensée après coup" qui est pénétrante, un changement de mentalité qui transforme le caractère personnel et l'histoire à la lumière du Calvaire. Ce qui, dans sa vie, n'était précédemment pas compris, devient clair. L'égoïsme profondément enraciné dans l'âme, la corruption des motivations, sont perçus à la lumière qui émane de la Croix.


La repentance pour le corps de l'Église est la même "perception après coup", mais elle considère l'histoire de la dénomination avec la perspective du Calvaire. Ce qui, précédemment, restait obscur dans l'histoire, est révélé. Des actions et des développements, qui étaient à l'époque mystérieux, prennent une signification plus vaste et plus exacte. La Pentecôte décrit toujours cette glorieuse réalité de la repentance.


La raison du succès des apôtres


Le secret du succès de l'Église primitive résidait dans sa compréhension de ce fait: "vous avez crucifié Christ" qui fut naturellement suivie d'une véritable repentance. Christ crucifié devint l'appel central de tout le ministère des apôtres. Le livre des Actes n'aurait jamais été écrit si les membres de l'Église primitive n'avaient pas compris leur participation à la culpabilité concernant le meurtre du Fils de Dieu, et de même, s'ils n'avaient pas pris part à l'expérience joyeuse de la repentance adéquate.


À partir du chapitre 10 des Actes, nous lisons comment d'autres que les Juifs partagèrent la même expérience. Les apôtres s'émerveillèrent de ce que les païens manifestent la même réaction profonde, en face de la Croix, que les Juifs croyants et qu'ainsi ils reçoivent le don du Saint-Esprit (Actes 10:44-47). Le Saint-Esprit fit pénétrer la vérité dans les cœurs, mieux qu'ils ne s'y attendaient. Leurs auditeurs contrits s'identifièrent aux Juifs et reconnurent leur part de culpabilité. En d'autres termes, les païens firent l'expérience d'une repentance collective.


Selon la Bible, il en sera de même lors de l'effusion du Saint-Esprit dans les derniers jours.