Les mauvaises nouvelles : nous avons perdu des batailles; les bonnes nouvelles: la guerre n'est pas finie.


Est-ce que l'histoire de notre dénomination donne quelque signification à l'appel à la repentance qu'adresse Christ à Laodicée pendant les derniers jours? Il y a différentes façons d'analyser notre histoire:


(1) Nous pouvons considérer notre passé avec orgueil, à la manière d'une équipe sportive qui n'aurait pratiquement jamais perdu un match. Cette attitude-là est perçue comme une preuve de loyauté, car elle suppose que les bénédictions de Dieu pour l'Église sont le signe de Son approbation de notre état spirituel. Résultat: l'apathie et une tiédeur qui envahissent toute l'Église. C'est, de loin, l'analyse la plus populaire de notre histoire, mais cet orgueil spirituel est aux antipodes de la foi du Nouveau Testament qui inclut toujours l'élément de la contrition.


(2) À l'opposé, certains considèrent notre histoire avec désespérance. Il y a, dans notre histoire, des échecs réels que certains interprètent comme une preuve évidente que le Seigneur a rejeté cette Église. Ce point de vue a produit divers groupes séparatistes, et engendre continuellement de nouveaux mouvements de critique, aussi stériles que destructifs. Souvent, ces mouvements naissent comme une protestation légitime contre l'orgueil spirituel ou l'apostasie, bien qu'ils ne proposent que rarement des solutions pratiques au problème.


Mais ces deux tendances ont cependant un point commun: toutes deux s'opposent, avec acharnement, à l'idée de la repentance de la dénomination. Le premier groupe s'y oppose en alléguant qu'elle n'est pas nécessaire. Même le fait de la suggérer est considéré comme impertinent et déloyal; les prêtres de l'ancien Israël eurent la même réaction face aux appels à la repentance nationale lancés par Jérémie. Le second groupe la rejette car, d'après eux, elle est impossible, puisqu'ils prétendent que le Seigneur a retiré de l'Église à la fois le privilège et même la possibilité d'une telle repentance.


Mais il y a une troisième approche possible:


(3) Nous pouvons considérer notre histoire avec une sérénité basée sur la contrition. C'est une analyse réaliste. Cette Église est véritablement "le reste" dont parle la prophétie, et c'est Dieu qui l'a suscitée. Le monde n'a pas encore vraiment entendu le message, et Son peuple n'a pas encore été préparé pour le retour de Christ. Cette position-là "se réjouit dans la vérité". Elle ne cherche pas à supprimer ou à éluder les problèmes manifestes dans l'histoire de la dénomination, problèmes qui appellent à la repentance et à la réformation de l'Église. Nous devons simplement reconnaître que nous n'avons pas réussi à honorer notre Seigneur, et nous mettre à genoux. Néanmoins, le réalisme éclaire l'avenir avec une grande espérance: la joie du Seigneur accompagne toujours la vraie repentance.


Tentatives pour expliquer ce long retard


La vérité donne toujours la raison d'espérer. Nier ou refouler la vérité engendre un désespoir frustrant, car la conscience humaine reconnaît la réalité de la fuite du temps, de l'inertie spirituelle croissante, et de la perspective douloureuse du monde. Négliger l'appel de Christ à la repentance détruira inévitablement le moral de tous les membres informés et réfléchis dans le monde entier. La perte pour l'Église est incalculable.


Nous sommes obligés d'admettre qu'il faut trouver une explication à ce long délai. Quelque chose doit changer ou "cesser" quelque part. Quatre solutions sont habituellement proposées:


(a) Certains disent que l'intégrité de l'Église même doit "céder", car ses espoirs ont été déçus parce que son existence même, disent-ils, est devenue illégitime. Elle a perdu la faveur de Dieu, ajoutent-ils, et ne représente plus de mouvement valable conduit par Dieu. Finalement, cette idée conduit logiquement à "une course à la sainteté".


(b) Certains théologiens disent que des doctrines fondamentales de l'Église doivent "évoluer". Selon eux, les pionniers furent des théologiens naïfs. Ils pensent, en particulier, que la doctrine du sanctuaire qui suscita le Mouvement Adventiste et en fit une dénomination unique, n'est pas scripturaire. A nouveau, cette solution proposée est la conséquence fatale de décennies de manque de connaissance du "message du troisième ange". Ces gens-là n'ont pas saisi le rapport étroit qui existe entre la justification par la foi et la purification du sanctuaire.


(c) Certains propagandistes suggèrent que notre compréhension de "l'Esprit de Prophétie" doit se modifier. Ellen White n'a pas joui, disent-ils, de la mesure d'inspiration divine que nous avions supposée. D'après eux, elle ne fut pas plus inspirée que d'autres écrivains religieux du dix-neuvième siècle. Quelque chose doit "céder" et le cœur charnel, ayant été longtemps contrarié par les principes chrétiens élevés d'Ellen White, aimerait détruire sa crédibilité prophétique. "Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous", tel fut le cri de l'Israël rebelle concernant Jésus. Or, nous faisons maintenant face à la même révolte contre "le témoignage de Jésus". On le ridiculise comme une vieille relique du dix-neuvième siècle.


(d) Certains suggèrent que l'effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte constitue, en fait, la véritable seconde venue de Jésus, et qu'elle continue toujours depuis. Plus le long délai continue, et plus la tentation est forte de restructurer la croyance en un retour imminent et littéral de Jésus en personne.


Dans tout cela, se cache une réelle accusation contre Dieu Lui-même. "Mon Seigneur retarde Sa venue" est le thème qui est constamment répété. Depuis les jours des pionniers, il est alors sous-entendu que Dieu s'est moqué des prières d'un peuple sincère qui est resté fidèle à Ses commandements et à la foi de Jésus, bien que les autres églises chrétiennes et le monde le ridiculisent. Ce point de vue pousse à croire qu'Il a déçu Son peuple, non seulement le 22 Octobre 1844, mais continuellement depuis cette date. La question en jeu est la fidélité de Dieu!


La solution historique à notre impasse


Si nous comprenons l'appel de Christ à "l'ange de l'église de Laodicée" comme un appel à la repentance de la dénomination, alors nous pourrons reconsidérer les quatre solutions proposées ci-dessus:


(a) L'intégrité de l'Église demeure intacte en tant que véritable "reste" des prophéties bibliques.


(b) Nos doctrines fondamentales restent valables, car elles sont totalement scripturaires.


(c) Ellen White résiste à la critique et aux attaques, comme un véritable et fidèle instrument qui a exercé le don prophétique du "témoignage de Jésus".


(d) L'effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte ne se confond pas avec le second avènement de Christ, qui est futur, personnel et littéral. Le Seigneur n'a pas retardé Sa venue et Il ne s'est pas moqué des prières sincères de Son peuple depuis 1844. Les pionniers furent vraiment conduits par le Saint-Esprit dans leur compréhension des prophéties du second avènement et du sanctuaire. Ce qui doit "céder" alors, c'est seulement l'incrédulité collective et pécheresse de l'Église à Laodicée, qui a contrecarré toutes les tentatives de notre Seigneur pour apporter la guérison, l'unité et la réforme.


D'autre part, l'alternative est effrayante. Si notre Seigneur a vraiment retardé Sa venue, Il nous a trompés et nous ne pouvons pas Lui faire confiance dans l'avenir. Mais si nous avons retardé Son retour, alors il y a de l'espoir. Quelque chose peut être fait. Notre impénitence et notre incrédulité peuvent être guéries. Insister sur le fait que notre Seigneur a retardé Sa venue détruit, en fait, l'espoir adventiste, mais reconnaître que c'est nous qui l'avons retardée peut, au contraire, valider et consolider notre espérance.


« Tout comme les Juifs »


La comparaison de notre histoire avec celle de l'ancienne nation juive est frappante. Cette nation était le vrai peuple "dénommé" de Dieu, jouissant de la preuve de Sa faveur autant que nous. Son attitude montrait son orgueil pour la structure et l'organisation de sa dénomination. "C'est ici le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel!" (Jérémie 7:4). Le temple, pour nous, est notre organisation mondiale qui est une source d'orgueil pour nous autant que l'était le temple pour les anciens Juifs. En effet, le Seigneur a établi et béni l'ancien temple, mais le rejet par les Juifs de la repentance nationale annula sa signification:


"La même désobéissance et le même échec, que ceux de la nation juive, ont caractérisé, dans une plus grande mesure, le peuple qui a reçu cette grande lumière du Ciel grâce aux derniers messages d'avertissement. [Allons-nous laisser l'histoire d'Israël se répéter dans notre expérience?] Allons-nous, comme Israël, gaspiller nos occasions et nos privilèges jusqu'à ce que Dieu permette que l'oppression et la persécution fondent sur nous? Le travail qui pourrait s'accomplir dans la paix et dans une relative prospérité sera-t-il laissé à faire jusqu'à ce qu'il doive s'effectuer en des temps de ténèbres, sous la pression de l'épreuve et de la persécution? Il y a une somme terrible de culpabilité dont l'Église est responsable" (Testimonies, vol. 5, p. 456, 457).


Sans l'expiration réalisée par Christ, il est accablant pour l'amour-propre de tout individu de faire face à la réalité de sa culpabilité. Il en est de même pour le corps de l'Église. Pour affronter cette "terrible somme de culpabilité" sans découragement, nous devons aussi voir comment l'amour de Dieu pour l'Église est immuable. Quelle que soit sa faute, l'Église reste toujours l'unique objet de la considération suprême du Seigneur. A nouveau, ceci implique la reconnaissance du caractère créatif de l'amour Agapé de Dieu.


Les critiques qui sont prêts à abandonner tout espoir pour l'Église s'opposent inconsciemment à la vérité fondamentale du caractère de Dieu. "L'expiation finale" dont nous avons longuement parlé, doit inclure une réconciliation finale avec cette réalité de Son caractère divin dans le cadre du Jour antitypique des Expiations.


Beaucoup de citations inspirées assimilent l'échec de notre dénomination à celui des Juifs. Quelques exemples devraient suffire:


"Depuis la réunion de Minneapolis (en 1888), j'ai vu l'état de l'église de Laodicée comme jamais auparavant. J'ai entendu les reproches de Dieu à ceux qui se sentent si satisfaits et qui ne connaissent pas leur dénuement spirituel… Comme les Juifs, beaucoup ont fermé les yeux de peur de voir" (Review and Herald, 26 Août 1890).


"Il y a moins d'excuses de nos jours pour l'obstination et l'incrédulité qu'il n'y en avait pour les Juifs du temps de Christ… Beaucoup disent: 'Si seulement j'avais vécu à l'époque de Christ, … je ne L'aurais pas rejeté et crucifié, comme l'ont fait les Juifs': mais cela se prouvera par la manière dont vous traitez Son message et Ses messagers aujourd'hui. Le Seigneur teste maintenant Son peuple, comme Il testa les Juifs en leur temps. Si … nous parcourons le même chemin, chérissons le même esprit et refusons d'accepter les reproches et les avertissements, alors notre culpabilité sera grandement augmentée, et la condamnation qui s'abattit sur eux s'abattra également sur nous" (Review and Herald, 11 Avril 1893).


"Tout l'univers céleste assista au traitement scandaleux infligé au Saint-Esprit qui représentait Jésus-Christ [à la session de 1888]. Si Christ avait été devant eux, ils [nos propres frères] L'auraient traité d'une façon semblable à celle dont les Juifs ont traité Christ" [Special Testimonies, Series A, nº 6; p. 20].


"Des hommes professant la piété ont méprisé Christ en la personne de Ses messagers (en 1888). Comme les Juifs, ils rejettent le message de Dieu" (Fundamentals of Christian Education, p. 472).


Aussi sûrement que l'histoire des Juifs illustre leur besoin de repentance nationale, de même notre histoire de 1888 illustre notre besoin de repentance et d'expiation finale. La messagère inspirée du Seigneur le vit rapidement. Selon Ellen White, la Conférence de 1888 fut un Calvaire en miniature, une manifestation du même esprit d'incrédulité et d'opposition à la justice de Dieu que celui qui inspira les anciens Juifs. L'esprit qui anima les opposants au message n'était pas dû à une incompréhension mineure, une sous-estimation temporaire d'une doctrine contestable. Ce fut une rébellion profonde contre Dieu. Si la messagère du Seigneur veut dire ce qu'elle répète souvent, ce fut –dans le principe une reconstitution de la crucifixion de Christ. Cette réalité constitue notre grande pierre d'achoppement et notre rocher de scandale.


Comment notre histoire révèle une inimitié contre Dieu


Ayons à l'esprit que ces faits ne diminuent en rien la vérité que l'Église Adventiste du Septième Jour était alors et demeure "l'Église du reste". Les frères qui s'opposèrent au Message de 1888 étaient le véritable "ange de l'église de Laodicée", et Dieu n'a pas rejeté l'Église. Notre histoire rend l'appel de Christ à la repentance particulièrement vibrant, et la seule raison pour laquelle on ne l'a pas ressenti ainsi plus tôt, c'est qu'on ne l'a pas compris. L'Église est fondamentalement honnête, et le long retard à se repentir est uniquement dû au fait que la vérité a été déformée et mal interprétée.


Alors que les Juifs ont rejeté leur Messie, si longtemps attendu, nous avons rejeté l'effusion de la pluie de l'arrière-saison que nous espérions depuis si longtemps. Notez les points de comparaison suivants:


(a) Le Messie des Juifs naquit dans une étable. Le début de la pluie de l'arrière-saison en 1888 se manifesta dans des circonstances étonnamment humbles. Les deux évènements prirent les dirigeants respectifs par surprise.


(b) Les Juifs n'ont pas discerné le Messie sous Son apparence modeste. Nous n'avons pas réussi à discerner le début de l'occasion eschatologique unique dans l'histoire, occasion offerte par le message humble et parfois défectueux de 1888.


(c) Les Juifs eurent peur que Jésus ne détruise les structures de leur peuple. "Nous" avons craint que le Message de 1888 ne nuise à l'efficacité de l'Église en exaltant, comme moyen de salut, la foi plutôt que l'obéissance à la loi.


(d) L'opposition des dirigeants Juifs influença beaucoup de gens à rejeter Jésus. L'opposition persistante des frères dirigeants, dans les années qui suivirent 1888, poussa beaucoup d'ouvriers et de laïcs plus jeunes à ne pas tenir compte du message. L'Église, en général, aurait accepté le message s'il lui était parvenu sans l'opposition des dirigeants.


(e) La nation juive ne s'est jamais repentie de ses péchés, jusqu'à ce jour. Ainsi, elle n'a jamais retrouvé les bénédictions que la royauté de Jésus lui aurait apportées. Pareillement, nous n'avons jamais fait face à notre culpabilité collective en tant que dénomination. Nous ne nous sommes pas repentis d'avoir rejeté le début de l'effusion du Saint-Esprit, et nous n'avons pas retrouvé le message. Pour cette raison, nous n'avons pas encore bénéficié de toutes les bénédictions du réveil. La réalité très évidente d'un siècle d'histoire démontre cette vérité.


Notez comment l'œuvre d'évangélisation aurait pu être achevée depuis déjà près d'un siècle:


"L'influence qui résulta de la résistance à la lumière et à la vérité de Minneapolis tendit à neutraliser la lumière que Dieu avait accordée à Son peuple par l'intermédiaire des Témoignages. … Si chaque soldat de Christ avait fait son devoir, si chaque sentinelle sur les murailles de Sion avait fait résonner le véritable son de la trompette, le monde aurait pu, avant ce jour, entendre le message d'avertissement. Mais l'œuvre a pris des années de retard. Quels comptes rendra-t-on à Dieu pour avoir ainsi retardé Son œuvre? (General Conferance Bulletin, 1893, p. 419).


"On a résisté à la lumière qui doit éclairer la terre entière de sa gloire, et l'action de nos propres frères a, dans une large mesure, tenu cette lumière loin du monde entier" (Selected Messages, vol. 1, p. 276).


Cette humble messagère crut jusqu'à sa mort que l'Église Adventiste du Septième Jour est le véritable "reste" de la prophétie biblique, chargé de proclamer le dernier message de l'Évangile de la miséricorde de Dieu. Elle fut fidèle à l'Église jusqu'à la fin, croyant que la repentance est notre seule réponse possible qui permettra au Ciel de renouveler le don du Saint-Esprit.


La pleine vérité est encourageante, et non déprimante


La pleine vérité est toujours optimiste, positive et encourageante. Une vue déformée du sermon de Pierre à la Pentecôte pourrait le qualifier de "négatif" car il mit clairement l'accent sur la culpabilité de la nation et appela à la repentance. Mais à la Pentecôte, la repentance fut suivie par la puissance de témoignage. Un renouvellement de ce phénomène glorieux suivra également notre repentance et notre réconciliation avec le Seigneur. L'amour de Dieu pour le monde exige que Son message de la Bonne Nouvelle se répande partout avec puissance. Nous savons que Dieu n'est pas injuste en nous refusant d'autres pluies de l'arrière-saison tant que nous ne nous repentons pas comme les Juifs devaient se repentir. En vérité, on peut dire de nous: "Grande est la fureur de l'Eternel qui s'est enflammée contre nous, parce que nos pères n'ont pas obéi aux paroles de ce livre pour agir selon tout ce qui est écrit sur nous" (2 Rois 22:13). Nous pouvons prier comme Esdras: "Depuis les jours de nos pères jusqu'à présent, nous avons été grandement coupables" (Esdras 9:7).


La raison en est que les péchés de nos pères spirituels s'enracinent en nous, s'il n'y a pas de prise de conscience et de repentance spécifiques. Et bien que nous ayons été très peu nombreux en 1888, la nature de cette impénitence s'est propagée dans tout le corps universel comme un virus qui s'étend. La maladie doit suivre son cours jusqu'à ce que la repentance puisse la supprimer. En attendant, chaque nouvelle génération est plongée dans la même tiédeur. Il ne s'agit pas de la doctrine de Saint-Augustin sur le péché originel. Il n'y a pas de transmission génétique de la culpabilité. Nous reconnaissons simplement le fait que le péché s'est propagé depuis l'Éden "par le moyen de l'influence, en profitant de l'action de l'esprit sur l'esprit… s'étendant d'un esprit à un autre" (Review and Herald, 16 Avril 1901).


La repentance collective de Daniel


Notre position est analogue à celle de Juda au temps de Daniel. Il aurait pu objecter au Seigneur: "Certains d'entre nous et certains de nos pères furent fidèles, Seigneur; regarde comme j'ai été fidèle, ainsi que Schadrac, Méschac et Abed-Négo! Nous avons pratiqué la réforme alimentaire. Souviens-Toi comment certains de nos "pères", tels que Jérémie, Baruc et d'autres, soutinrent noblement la vérité en des temps d'apostasie. Nous ne sommes pas coupables, Seigneur!"


Mais comment Daniel pria-t-il? Remarquez son usage du "nous" collectif:


"Tous Israël a transgressé Ta loi, et s'est détourné pour ne pas obéir à Ta voix… A cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et Ton peuple sont devenus un sujet de scandale pour tous ceux qui nous entourent… Je confessais mon péché et le péché de mon peuple Israël" (Daniel 9:11, 16 et 20).


Le fait que Daniel n'était pas personnellement présent à l'époque du roi Manassé ne l'empêcha pas de confesser les péchés de Manassé comme s'il s'agissait de ses propres péchés. Le fait que nous n'étions pas personnellement présents en 1888 ne diffère pas du fait que Daniel ne vivait pas au temps de ses pères. Christ dans Sa propre chair, nous a montré comment vivre une repentance des péchés pour lesquels nous ne pensions pas être personnellement impliqués. Si Lui, le seul à être sans péché, a pu se repentir à cause des péchés du monde entier, certainement nous pouvons nous repentir à cause des péchés de nos pères, dont nous sommes aujourd'hui les enfants spirituels. La vérité essentielle qui crie et réclame qu'on la reconnaisse est que leur péché est le nôtre, à cause de la réalité du principe biblique de la culpabilité collective.


La Conférence Générale de 1901 a-t-elle annulé l'incrédulité de 1888?


Nous devons prendre un peu de temps pour étudier un argument qui a été avancé pour nier la nécessité d'une repentance de l'Église. Certains ont prétendu que la session de la Conférence Générale de 1901 a été une volte-face, une réforme qui a annulé le rejet du Message de 1888 et ses conséquences. Cette idée implique donc que la pluie de l'arrière-saison et le Grand Cri ont fait des progrès depuis lors. De nombreux baptêmes et une croissance financière et institutionnelle sont souvent cités comme preuves, même si les Mormons et les Témoins de Jéhovah peuvent aussi mettre en avant une croissance statistique phénoménale.


Il est clair que la session de 1901 a apporté de grandes bénédictions concernant notre organisation qui peut maintenant fonctionner sans secousse pendant des siècles. Mais il est également clair qu'il n'y a pas eu de réforme spirituelle profonde. Avec une vive perspicacité, Ellen White a écrit au juge Jesse Arthur, Elmshaven, le 14 Janvier 1903:


"Le résultat de la dernière Conférence Générale de 1901 m'a causé la plus grande et la plus terrible peine de ma vie. Il n'y a eu aucun changement. L'esprit qui aurait dû intervenir dans toute l'œuvre comme résultat de la réunion, n'est pas intervenu parce que les hommes n'ont pas reçu les témoignages de l'Esprit de Dieu. Quand ils sont allés à leur divers champs de travail, ils n'ont pas marché dans la lumière que le Seigneur avait fait briller sur leur chemin, mais ils ont apporté dans leur travail les faux principes qui ont dominé l'œuvre de Battle Creek."


À la suite de cette impénitence, l'achèvement de l'œuvre de Dieu fut retardé pour une durée indéterminée:


"Il se peut que nous devions, à cause de cette insubordination, rester ici dans ce monde pendant encore de nombreuses années, comme ce fut le cas pour les enfants d'Israël; mais pour l'amour de Christ, Son peuple ne devrait pas ajouter péché sur péché en accusant Dieu des conséquences de leur propre mauvaise ligne de conduite" (Lettre du 7 Décembre 1901; M-184, 1901).


Même alors, il n'était pas trop tard pour s'engager dans l'expérience de la repentance. La messagère du Seigneur n'a pas utilisé l'expression "repentance de l'Église", mais elle exprima ce principe. "Tous" avaient besoin d'y participer:


"Mais si, maintenant, tous voulaient seulement reconnaître, confesser et se repentir de leur propre ligne de conduite, d'avoir abandonné la vérité de Dieu, et suivi des conceptions humaines, alors le Seigneur pardonnerait." (Idem). Voir le chapitre du livre The Power of the Spirit de George E. Rice et Neal C. Wilson, intitulé "Cela ne s'est pas réalisé en 1901! Cela ce produira-t-il maintenant?" (Review and Herald, 1991), p. 100-105. Il est réconfortant de noter que l'opinion adoptée dans ce livre constitue un complet revirement par rapport à l'attitude "je suis riche, je me suis enrichie" que les dirigeants avaient soutenue à la Conférence de 1901 et dans les décennies précédentes. C'est un signe très encourageant qui montre que le Saint-Esprit commence à accorder le don de la fidélité à la vérité. Il se pourrait bien que la bénédiction si longtemps attendue ne soit plus si éloignée.


Jean-Baptiste aurait pu passer toute sa vie à essayer de considérer tous les besoins de réforme de son temps. De même, nous pourrions passer des décennies à discourir sur toutes les fois où nous nous sommes écartés du plan que le Seigneur avait pour nous. Mais Jean préféra mettre "la cognée à la racine des arbres" (Matthieu 3:10). Si nous devions faire la liste de tous les abandons courants du plan de Dieu, nous lasserions le lecteur et également les anges. Il faudrait aux critiques un rayon de livres plus gros que l'Encyclopédia Britanica pour détailler tous nos manquements au "plan directeur" concernant les fonctions éducatives, médicales, sanitaires, évangéliques et administratives de l'organisation et de la pratique de l'Église. Ceci est débattu depuis des générations. Les soupirs, les pleurs et les gestes de désespoir sont sans fin. Il est aisé de dire que la "conversion" règlera ce problème (nous disons cela depuis des générations). La "hache" maniée par le véritable Christ est différente de celle du "Christ" de l'erreur et de la contrefaçon. Le "dragon" qui est "irrité contre la femme" porte rarement son vêtement de dragon. Il peut même se vêtir pour ressembler à un "réformateur" et couper toutes sortes de branches avec un grand zèle, en ayant soin de laisser intact la racine véritable qui est l'amour du moi.


Est-ce que le fait de nous repentir de "notre" rejet de la pluie de l'arrière-saison mettrait la hache à la racine de notre problème spirituel actuel? Oui, car c'est bien là que se trouve la racine.


Mais les racines ont une façon bien à elles de se cacher sous la surface visible.